Un peu d'histoire:

Les premières fontaines sont installées sur la rive droite de la Seine à Paris entre 1178 et 1182 par Philippe Auguste, grâce à la construction de l’aqueduc du Pré-St-Gervais par les hospitaliers du Prieuré Saint-Lazare et de l’aqueduc de Belleville par les moines de l’Abbaye Saint-Martin des Champs.

Neuf fontaines sont ainsi installées dont la fontaine des Halles, la fontaine des Innocents et celle de Maubuée. Celles-ci n’étaient pour la plupart que de simples points d’eau et il fallut attendre les Reines de la dynastie des Médicis pour que naisse la mode ornementale.

Jean Goujon par exemple transforma celle des Innocents de 1547 à 1549 à l’occasion de l’entrée triomphale d’Henri II dans la capitale. Ces entrées royales que les monarques pratiquaient depuis le Haut Moyen Age lors de leurs déplacements de province à province étaient toujours l’occasion de grandes fêtes et processions. Chaque ville traversée en profitait pour s’embellir par de nouvelles constructions parfois éphémères telles que des arcs de triomphe ou tribunes richement décorées et autres enluminures. Les fontaines devinrent l’un de ces éléments de décoration.

 Il faudra tout de même attendre le XVIème siècle avec la création du viaduc d’Arcueil pour voir Paris s’agrémenter de fontaines telles que la fontaine Médicis au jardin du Luxembourg. On en dénombrera plus de 70 au siècle suivant.

En 1789 pourtant, un parisien ne dispose que d’un litre d’eau potable par jour. Après une période troublée, Bonaparte, fraîchement arrivé au pouvoir et soucieux de soigner sa popularité auprès des habitants de la capitale, demanda un jour quel cadeau leur ferait le plus plaisir ; le préfet Chaptal lui répondit « Sir, donnez-leur de l’eau ». La construction du canal de dérivation de l’Ourq fut entamée, bientôt suivie du canal Saint Martin. De nouvelles fontaines furent ainsi construites. En 1825, ce sont 70 000 m3 d’eau par jour qui sont ainsi acheminés à Paris. Le préfet Rambuteau multipliera les points d’eau et Paris en comptera 2000 en 1848.

Napoléon III complètera l’œuvre entreprise et les travaux du baron Haussmann, aidé de Belgrand généraliseront la distribution de l’eau dans les maisons signant ainsi le glas de la plupart des fontaines parisiennes.

 Le dernier soubresaut sera dû à un anglais, Sir Richard Wallace, qui offrit une cinquantaine de fontaines à la ville de Paris en plein effort de reconstruction et en proie à des difficultés d’approvisionnement au lendemain de la guerre de 1870 (voir l'encadré suivant).

De nos jours, les fontaines n’ont plus qu’une fonction esthétique, sauf pour certains marginaux sans abri et pour les touristes et enfants cherchant à se désaltérer l’été dans les jardins publics.

Les fontaines Wallace

Les fontaines Wallace sont des points d'eau potable publics qui se présentent sous la forme de petits édicules en fonte présents dans plusieurs villes dans le monde. C'est à Paris qu'elles furent implantées en premier et qu'on en trouve le plus grand nombre.

Elles tiennent leur nom du philanthrope britannique Richard Wallace qui finança leur édification. D'une grande réussite esthétique, elles sont reconnues dans le monde entier comme un des symboles de Paris.

Ayant hérité de son père une grande fortune en août 1870Richard Wallace  décide d'en faire profiter les Parisiens, ce qui lui vaut une grande popularité. On peut le considérer comme un philanthrope, au sens propre du terme, par opposition à certains membres de la bonne société, pour qui les actions de charité ne sont qu'un moyen d'accroître leur notoriété.

Suite au siège de Paris et à la Commune, de nombreux aqueducs sont détruits, et le prix de l'eau, déjà élevé, en est considérablement augmenté. De nombreux démunis se trouvent dans l'impossibilité d'en trouver gratuitement.

Dès lors, la tentation des « marchands de vin » est grande chez les indigents, et c'est un devoir moral que de les aider et de leur permettre de ne pas plonger dans l'ivrognerie. Le besoin urgent de ces « brasseries des quatre femmes » est clairement prouvé par la vitesse à laquelle le projet est concrétisé. Richard Wallace conçoit lui-même ces fontaines, faites pour allier esthétique et utilité. Elles sont conçues dans le respect d'un strict cahier des charges :

  • - la taille : assez grande pour être visible de loin, mais pas trop pour ne pas rompre l'harmonie du paysage,
  • - la forme : à la fois pratique d'utilisation et esthétique,
  • - le prix : abordable pour permettre l'installation de dizaines d'exemplaires,
  • - le matériau utilisé : résistant, facile à travailler, et commode d'entretien.

Les emplacements sont choisis par la mairie, ainsi que la couleur : vert profond, comme tout le mobilier urbain de cette époque, afin d'être discret et en harmonie avec les parcs et allées bordées d'arbres.

Wallace créé quatre modèles différents, de taille et de conception différentes. Le matériau utilisé est la fonte, matériau économique, facile à mouler, robuste, et très utilisé à l'époque. La quasi-totalité de la dépense est prise en charge par Wallace. La ville de Paris participe à hauteur de 1 000 francs pour le grand modèle, et 450 francs pour le modèle mural.

La réalisation des fontaines sera l'œuvre des fonderies du Val d'Osne, situées en Haute-Marne, près de Saint-Dizier, grande région de production de fonte d'art alors. On peut lire sur le socle des plus anciennes fontaines la signature de l'usine. Plus tard, la production (qui se prolonge toujours actuellement) se fera à Sommevoire (Haute-Marne) par la Générale d'hydraulique et de mécanique.

Le succès des fontaines Wallace engendrera naturellement des copies par des fonderies concurrentes, ce qui explique qu'on trouve des fontaines qui sont « à la manière de », sans être d'authentiques fontaines Wallace.

Souhaitant que son projet se concrétise le plus rapidement possible, Wallace en confie la charge à Charles-Auguste Lebourg, un sculpteur à qui il a déjà fait appel. Ce Nantais améliore les croquis de Wallace, pourtant déjà très précis et réfléchis, pour faire de ces fontaines de véritables œuvres d'art.

Les différents modèles:

Grand modèle (2,71 m pour 610 kg)

 

Sur un soubassement de pierre de Hauteville, repose un socle à huit pans sur lequel vient s'ajuster la partie supérieure composée de quatre cariatides se tournant le dos et soutenant à bout de bras un dôme orné d'une pointe, et décoré de dauphins. L'eau est distribuée en un mince filet depuis le centre du dôme, puis tombe dans une vasque qui est désormais protégée par une grille. Pour faciliter la distribution, deux gobelets en fer étamé retenus par des chaînettes, sont à la disposition du consommateur, restant toujours immergés pour plus de propreté. Ceux-ci sont supprimés en 1952 « par mesure d'hygiène », sur demande du Conseil d'Hygiène Publique de l'ancien département de la Seine. Les quatre cariatides représentent la bonté, la simplicité, la charité et la sobriété. Elles sont toutes différentes, soit par la position de leur genou, soit par la manière dont leur tunique est nouée au niveau du corsage.

Modèle en applique (1,96 m pour 300 kg)

Au milieu d'un fronton semi-circulaire, la tête d'une naïade déverse un petit filet d'eau qui vient tomber dans une vasque marine reposant entre deux pilastres. Ce modèle, peu coûteux à installer, devait être multiplié le long des murs des édifices à forte concentration humaine du type hôpitaux, casernes, etc. Cela n'est pas le cas et il ne reste aujourd'hui qu'un seul exemplaire, situé rue Geoffroy-Saint-Hilaire (5è ardt)

Modèle à colonnettes (2,50 m pour un peu plus de 500 kg)

Ce dernier modèle est réalisé par la suite. Les cariatides sont remplacées par des colonnettes pour réduire le coût de fabrication. La forme générale de la fontaine est comparable à celle du grand modèle, bien que le chapiteau ne soit pas aussi pointu, et la partie inférieure plus incurvée.Fabriqué en une trentaine d'exemplaires, il n'en reste aujourd'hui que deux, l'un rue de Rémusat, l'autre avenue des Ternes.

Petit modèle (1,32 m pour 130 kg)

Ce sont de simples bornes-fontaines à bouton-poussoir, que l'on peut trouver dans les squares ou les jardins publics, marquées du blason de Paris.

 

 

 

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